Spon Yon Yon, une fresque théâtrale, musicale, sensible et absurde

L’arbre témoin du temps et de notre environnement

Il y a un certain temps, dans un certain endroit, grandissait un arbre. Il était assez vilain et n’avait pas même une feuille. Personne ne savait depuis combien de temps il était là. Certains disaient qu’il avait toujours été là. Mais ça, c’était seulement certains qui le disaient, parce qu’en réalité, personne ne savait depuis combien de temps il était là... Enfin sauf ceux qui disaient qu’ils pensaient qu’il avait toujours été là !

Spon Yon Yon, au-delà du bruit sec que fait son tronc quand on tire dessus et qu’on le relâche, c’est le bruit de la raillerie faite à un arbre au physique ingrat, un être dénigré qui déshonore son espèce, n’ayant aucun feuillage. Au fond, il n’est qu’un vulgaire tronc, un bouc-émissaire. À travers cette création, c’est la dimension de l’utilité et de l’inutilité d’une anomalie de la nature, mais aussi la place de l’arbre dans son environnement qui est questionnée. L’arbre, c’est avant tout le témoin du temps, l’archiviste tranquille qui voit défiler les générations et les grandes transformations anthropiques.

Un conte musical théâtral qui flirte entre ridicule et dérision

Sur scène, une conteuse et un comédien – à la fois musicien et technicien – autour d’un arbre complètement nu plantent le décor. Celui-ci se veut minimaliste pour défendre une esthétique obsessionnelle de l’objet unique, de l’économie de moyens et de mots. La forme est celle d’un conte digressif au sein duquel de petites histoires jouées bourgeonnent ici et là, dans un ton affranchi des conventions.

Grâce à un procédé scénique et musical subtil et efficace, Spon Yon Yon aborde différents thèmes qui peuvent être transversaux : l’urbanisation, le recul et le dépeuplement des campagnes, le quotidien et la vie ordinaire en ville, la place de la nature face aux activités humaines, l’homme et son empreinte dans l’environnement, le caractère cyclique et éphémère des êtres et des choses. Et l’arbre comme témoin du changement, l’enchaînement des saisons et le temps qui passe.

La Compagnie Moustache

Créée en 2011 par Philippe Hassler, à Montpellier, la Compagnie Moustache a de multiples territoires d’exploration : du texte à l’improvisation, les créations de la compagnie se veulent pluridisciplinaires et puisent leurs inspirations dans les écritures tant contemporaines que classiques, pour défendre un théâtre populaire et sensible accessible à tous. La place de l’improvisation dans les processus de recherches, de création et de transmission y est importante. La notion de prise de risque et de liberté marque l’engagement de la compagnie dans cette forme théâtrale. En parallèle des activités de création, la compagnie enseigne le théâtre dans ses locaux à Montpellier, ainsi qu’en milieu scolaire, hospitalier et carcéral.

Partenaire média : RadioLac