« Et vous, vous nagez avec vos chaussures ? » La question est sur de nombreuses lèvres en ce samedi 24 août dans la cour de l’école du Lignon, où quelque 120 coureurs et coureuses s’apprêtent à s’élancer sur le parcours du cinquième SwimRun organisé par la commune de Vernier. C’est que la compétition a la particularité de marier trail et natation : au bout de la première pente, c’est le plongeon dans les eaux fraîches du Rhône, sans changement de tenue, pour 700 mètres de nage, avec la difficulté accrue qu’il ne faut pas perdre son coéquipier. Car le SwimRun se dispute en duo, féminin, masculin ou mixte.
Pour leur premier SwimRun, Maxime et Aurélia pensent avoir trouvé la méthode. Ils abriteront leurs baskets dans un petit sac à dos qu’ils espèrent étanche. C’est Maxime qui nagera avec le précieux réceptacle, car Aurélia admet une petite appréhension à l’idée de se jeter à l’eau. « Elle a appris le crawl il y a deux semaines ! », se marre son compagnon.
Maryse, elle, gardera ses chaussures. Des cours de secourisme lui ont appris à nager toute habillée. « Je suis plus inquiète pour la course à pied, à mon âge, on a des douleurs un peu partout », sourit-elle. Maryse ne fera qu’un tour, avec sa belle-fille Jennifer, tandis que frère et soeur doubleront la boucle. « Le plus dur, c’est pour mon mari qui reste avec sa petite fille… », s’amuse la jeune sexagénaire.
Populaire et ludique
La course en binôme, Valérie Pillonel y tient plus que tout. « Le SwimRun de Vernier est une course ludique, populaire, tout le monde doit pouvoir participer », revendique la cheffe du service des sports de la commune.
Alors on se regroupe par fratrie, entre collègues, en couple. Parfois, les motifs sont intimes. « Avec Anne-Marie, nous avions une amie commune, Béatrice, qui nous a quitté beaucoup trop tôt. On fait la course pour lui rendre hommage », raconte Michael.
Emilie et Silvia, elles, se connaissent des compétitions de triathlon et s’essaient pour la première fois au SwimRun. Pour une raison qu’Emilie hésite d’abord à formuler. « En fait, je n’aime pas le vélo… », finit par avouer, dans un sourire, la jeune triathlète.
Bénévoles et participants conquis
Reconnaissables à leur chasuble jaune, les quelque 70 bénévoles s’affairent depuis 7 h du matin. Les tâches sont nombreuses, du traçage du parcours à sa sécurisation, en passant par l’accueil et l’orientation des concurrents, mais elles n’empêchent pas la bonne humeur. En témoignent les éclats de rire s’élevant du ravitaillement, où Frédérique, Isabelle, Stefanie, Estrella, David et Christine se remémorent ce concurrent au maillot si minimaliste qu’on peinait à lui accrocher le dossard… Toutes et tous sont membres d’associations verniolanes. « La première fois, on vient au SwimRun pour rendre à la commune ce qu’elle fait pour notre association, mais on y revient ensuite pour l’ambiance », assure Estrella, soulevant l’assentiment général.
Silvia et Emilie seront aussi « obligées de revenir », elles qui ont remporté la catégorie « Découverte » pour leur première participation, couvrant la boucle en un peu plus de 44 minutes. Médaille au cou, Silvia insiste sur le plaisir éprouvé à courir dans la fraîcheur des bois et la chance d’avoir pu nager dans un Rhône adouci par la fermeture du barrage de Verbois. « J’appréhendais le tronçon de natation, mais j’ai été vite rassurée par les moyens déployés », confirme Emilie, en référence aux deux padels de secours et à la vingtaine de sauveteurs, dont quatre plongeurs, encadrant les nageurs.
Arrivés le matin même dans leur minibus aménagé, après une nuit passée au col de la Fauçille, Alain et Rose accordent aussi leur satisfecit aux organisateurs. Les deux Bisontins qui écument les SwimRun ont été particulièrement séduits par le parcours, mi-urbain, mi-sauvage, offert par Le Lignon et ses bords fluviaux. Un cadre qui ne les a pas rendus contemplatifs pour autant, puisque les deux quinqua ont bouclé leurs trois tours à la cinquième place, en à peine 1 heure et 25 minutes !
Organisateurs soulagés
Dans l’aire d’arrivée, Maïko Real apprécie les sourires des participants, d’autant que la course aurait pu ne pas avoir lieu. « Nous avons dû attendre vendredi matin pour que le Canton accepte de fermer le barrage », dévoile le chef d’orchestre du SwimRun. Un « petit miracle » que la Ville de Vernier espère répéter l’an prochain.